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Vo l . 1                          É L I T E                                  Numéro 58

































                               Quand l’olive pleure, l’art interpelle




                             Mariam Fathy - Science politique  - 4ème année                         Traduit par Malak Hossam



                L’expression  “art”  sonne  aux  oreilles  à    fortes  car  il  occupe  une  place  où  le  pouvoir  est
                plusieurs reprises mais elle n’évoque alors que  incapable d’empiéter.Il ne rend pas uniquement la
                de   pâles   résonances,   réduites   à   un    vie plus belle mais la protège et la défend tout en
                divertissement,  un  luxe  ou  un  ornement  sans  préservant la culture et le patrimoine. Il renoue la
                nécessité.  Rejeté  aux  marges,  tel  une  pensée  mémoire des peuples qui est déjà commune  par
                futile incapable de porter un sens, il est oublié  un  fil  que  tout  pouvoir  est  impuissant  de  la
                dans  l’ivresse  de  cette  illusion.  Et  pourtant,  découper.
                nous négligeons que des nations entières n’ont  Il  représente  un  barrage  fortifié  face  à
                pas  été  immortalisées  par  les  épées,  ni   l’effacement des racines pour sauver la terre et ses
                fortifiées  par  les  richesses,  mais  que  leur  habitants  de  l’oubli.  Il  se  rappelle  lorsque  le
                mémoire a été préservée au fil des siècles par le  monde oublie et s’exprime quand la langue se tait.
                seul souffle de l’art.                          Non  pas  en  murmures,  mais  en  cris.  Il  est  la
                J’ose dire : Sans l’art, la vie aurait du etre sans  mémoire vivante de l’identité.
                gout  ni  esprit,  un  gout  qui  emplit  la  fam  du  Mais  alors  quand  on  parle  de  l’oppression,  l’art
                corps  et  qui  abandonne  le  corps  sec  et  soif.  va   au-delà   ses   incontournables   armes   :
                C’est  l’art  qui  donne  à  nos  jours  du  saveur,  l’effacement  de  l’identité.  Pour  cette  dernière,  il
                c’est  la  mélodie  latent  qui  nous  incite  à  faut faire taire sa langue arracher ses symboles et
                prendre des pas dans des inombrables voies. Il  rayer  ses  récits.  Pourtant,
                embrasse nos chagrins lorsqu’ils pèsent lourds  l’art  refuse  cette  mise  au
                et  nous  offre  un  exutoire  aux  moments     tombeau. Il est le gardien de
                d’étouffement. Hormis le fait que la réalité se  la  mémoire,  qui  préserve  la
                résume  à  juste  cette  description  simple.  Or,  trace  de  ce  qui  a  failli
                l’art dépasse étant simplement d’ornements ou   disparaître.  De  plus,  dans
                détails  passants.  Comme  a  écrit  Mohamed    tout  poème  s’est  chanté,
                Darwich  :  “Toute  belle  poésie  est  un  acte  de  chaque  fil  s’est  brodé  et
                résistance”.    C’est  défénitivement  pourquoi  chaque  chanson  portée  par
                l’art est l’une des formes de résistance les plus   les rélégations, l’art témoigne
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